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Subir ou choisir ?

Et si je vous disais que, même si la plupart d’entre nous veulent se sentir bien et vivre des émotions agréables, parfois nous choisissons aussi de ressentir des émotions désagréables. Ça vous surprendrait ?

Vous êtes-vous déjà demandés ce qui fait que vous regardez un film dramatique dont vous savez pertinemment qu’il va vous rendre triste ou un film d’horreur qui vous fera ressentir de la peur ?

Ou ce qui fait que vous acceptez de monter dans les manèges à sensations, de sauter en parachute ou à l’élastique alors que la peur est bien présente ?

Ou encore, ce qui fait que supportez l’ennui en tant que spectateur d’un défilé interminable de représentations d’enfants, à l’occasion du spectacle de fin d’année scolaire d’école primaire, avant d’enfin assister aux quelques minutes de prouesses de votre petit bout de chou préféré ?

En ce qui concerne le film : pendant un court laps de temps, nous acceptons de vivre de la tristesse ou de la peur parce nous savons qu’il ne s’agit que de fiction et que cette émotion ne durera pas ; après le film, nous passerons à autre chose. Peut-être aussi parce que ça nous permet de comparer notre situation à celui des personnages et par contraste, de juger notre vie plutôt positivement.

Pour les manèges à sensations ou le saut en parachute ou à l’élastique : dans ces moments-là, la peur est bel et bien présente mais c’est nous qui l’avons convoquée. Elle n’est donc pas subie. Nous choisissons volontairement de la ressentir.

Pour le spectacle de fin d’année, nous choisissons de rester avec l’ennui procuré par l’attente de l’arrivée sur scène de notre bambin car ce moment privilégié permet, entre autres, de lui témoigner notre soutien et de notre intérêt et de renforcer nos liens affectifs. Ces éléments pesant bien plus dans la balance.

Les émotions choisies ne sont pas vécues de la même manière que les émotions subies, même si en soi ces émotions sont identiques et que nous les ressentons de la même façon, avec la même intensité.

Lorsque qu’une émotion désagréable nous arrive en pleine figure sans que nous l’ayons choisie, nous la vivons comme une attaque, sans mise à distance de l’émotion. Nous nous considérons alors en difficulté voire en danger. A l’inverse, quand nous choisissons volontairement de vivre une émotion inconfortable, il se crée comme une prise de recul vis-à-vis de cette émotion qui vient s’ajouter, sans être vécue comme une menace.

Il arrive fréquemment que nous décidions de vivre des émotions difficiles quand cela nous paraît utile, c’est-à-dire quand les conséquences à moyen ou long terme de nos actions méritent cet investissement. Pour le dire autrement, nous choisissons volontairement de vivre des émotions désagréables quand on estime que ça en vaut la peine. C’est par exemple, ce qu’il se passe au moment de prendre la décision d’avoir un enfant ou d’accepter des responsabilités professionnelles plus importantes.

Nos expériences passées ou celles partagées par les autres nous montrent qu’être parent ou qu’accéder à des hautes responsabilités professionnelles n’est pas toujours ce qu’il y a de plus simple dans la vie. Nous savons que ces changements de vie impliquent plus de stress, plus d’anxiété, de questionnements, de découragement parfois et pourtant quelque chose surpasse ces désagréments.

Cela parce que nous sommes capables de mettre en perspective les conséquences lointaines de nos actions : le plaisir n’est pas immédiat et il apparaîtra sur une échelle de temps plus longue mais nous sommes prêts à quelques sacrifices, ici et maintenant, pour atteindre un peu plus tard ce qui compte réellement pour nous.

Une part de nous sait que ces émotions inconfortables sont comme une sorte de passage obligé pour aller vers autre chose de mieux. Nous sommes d’accord pour ressentir ces émotions car nous savons qu’elles vont nous permettre d’accéder à quelque chose de plus important pour nous. Un peu comme le prix à payer.

C’est par ce même mécanisme que nous rebondissons et avançons avec la maladie. Bien évidemment, la maladie est subie et non choisie et nous sommes tous d’accord pour dire qu’on s’en serait bien passé !

Et pour que la maladie ne nous empêche pas de vivre des moments agréables et de mener une vie pleine de sens, il est possible d’accepter les répercussions émotionnelles à l’intérieur de nous procurées par la maladie (en l’occurrence nos sensations, nos émotions et nos pensées en lien avec la maladie).

C’est ce que nous faisons lorsque nous acceptons de ressentir les symptômes de l’hypopara (sur un laps de temps pas trop long, il ne faut pas exagérer quand même !) au risque qu’ils soient malheureusement amplifiés pour maintenir une activité tellement précieuse pour nous.

Ça fait partie de la résilience.

Nos références

Libéré de soi ! – JL Monestès – Ed Armand Colin, Paris 2013

Article rédigé par Florence

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