Comment fait-on pour continuer à avancer quand la maladie vient bousculer nos repères ? C’est là que la résilience entre en jeu. Il existe de nombreuses définitions de la résilience. En voici une qui résonne particulièrement car davantage « humaniste » :
« La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir, en présence d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères »
Cette formulation a le mérite de mettre en lumière la double caractéristique de la résilience, qui en fait l’originalité : c’est à la fois la résistance à la destruction et la construction d’une existence valant d’être vécue.
Cairn.info – Sciences humaines et sociales
La résilience individuelle est la capacité d’une personne à surmonter les épreuves de la vie (traumatismes, pertes, échecs, violences, maladies…) et à se reconstruire sans se laisser submerger par la souffrance. Ce concept a été largement étudié en psychologie, notamment par Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, spécialiste émérite du concept de résilience, qui décrit ce processus comme « l’art de naviguer dans les torrents ». A ce sujet, il dit aussi : « Personne ne prétend que la résilience est une recette de bonheur. C’est une stratégie de lutte contre le malheur qui permet d’arracher du plaisir à vivre, malgré le murmure des fantômes au fond de sa mémoire. »
Des ressources en nous :
‣ Optimisme réaliste : regarder les difficultés sans les nier, et toujours croire en la possibilité d’une amélioration,
‣ Préservation de l’estime de soi : c’est comme avoir une base solide à l’intérieur de soi, même quand tout vacille autour, on tient debout,
‣ Capacité d’adaptation : savoir accueillir les changements en adaptant ce qu’on espère et la façon dont on agit, avec bienveillance envers soi-même,
‣ Gestion des émotions : écouter ce que nos émotions veulent nous dire afin de mieux les utiliser,
‣ La plasticité cérébrale : le cerveau a une capacité d’adaptation qui permet de développer de nouvelles stratégies après un traumatisme. L’exposition répétée à des difficultés renforce les connexions neuronales, favorisant ainsi l’adaptabilité.
Emmy Werner, chercheuse en psychologie du développement, a mené une étude durant plus de 30 ans. Elle a suivi 700 enfants en situation de grande vulnérabilité– livrés à eux-mêmes, sans soutien familial, souvent en grande détresse affective. Parmi eux, certains ont réussi à « rebondir » malgré des débuts de vie extrêmement difficiles. Ce qui les distinguait ?Ils avaient au moins une personne significative à leurs côtés, et bien souvent, c’était un enseignant attentionné. Ces adultes faisaient bien plus qu’enseigner : ils écoutaient les enfants, les encourageaient dans leur participation et les soutenaient dans leurs efforts. Un lien de confiance, même avec une seule personne, peut profondément changer le parcours de la personne et faire naître cette force intérieure qu’on appelle résilience.
Des ressources autour de nous :
‣ Nos familles, nos amis : s’appuyer, quand c’est possible, sur un réseau de proches bienveillants sur qui s’appuyer aide à relativiser et à retrouver un équilibre,
‣ Pairs : échanger avec d’autres personnes ayant vécu des expériences similaires crée un écho, une reconnaissance qui apaise et on va alors parler de résilience collective, c’est la capacité qui permet à un groupe — comme une famille, une communauté, une association — à traverser ensemble une épreuve, à s’y adapter, et à rester uni malgré les difficultés. Cela signifie continuer à avancer, préserver ce qui est essentiel à la vie commune, tout en donnant du sens à ce que l’on vit.
Cette force collective repose sur des valeurs partagées, des liens de solidarité, des règles de vie, des ressources mises en commun, et une organisation qui permet d’agir ensemble, même dans la tempête
‣ Mentors ou figures inspirantes peuvent nous soutenir et nous montrer le chemin comme Johanne ROY qui a transmis son témoignage dans le livre intitulé Des papillons dans la gorge ; comme Mademoiselle Pantoufle ou comme Béatrice qui ont choisi le dessin pour avancer vers la résilience et comme d’autres encore…
Pour donner du sens à ce qu’on vit…
La résilience, ce n’est pas un sommet que l’on atteint, c’est un sentier que l’on emprunte chaque jour, parfois à genoux, parfois debout. C’est apprendre à vivre avec une maladie rare sans s’y réduire, à apprivoiser l’inconnu sans jamais renoncer à soi. C’est ce face-à-face avec la peur, la douleur, l’injustice — mais aussi avec la force insoupçonnée qui dort en nous. C’est comprendre que l’on n’est jamais seul, que derrière chaque avancée, chaque sourire retrouvé, il y a des visages : ceux qui écoutent, soutiennent, bousculent, essuient les larmes ou les provoquent quand il le faut. C’est un équilibre fragile entre nos limites physiques et nos aspirations profondes, entre les épines et les roses. Et dans ce désordre imprévu qu’est la vie avec une maladie rare, la résilience nous enseigne la plus grande leçon : on peut être vulnérable et puissant à la fois, différent mais digne, blessé mais vivant — et surtout, infiniment humain.
Quelques tips pour booster notre force intérieure au quotidien
✔ Cultiver une attitude positive → voir les défis comme des opportunités d’apprentissage,
✔ Accepter ses émotions → ne pas refouler la douleur, l’accueillir et l’exprimer de manière saine par l’écriture, la parole, l’art, le théâtre, les témoignages, le sport, …
✔ Prendre soin de soi → respecter ses besoins physiologiques tant sur le plan de l’alimentation, du sommeil, de l’exercice physique et de régulation des émotions,
✔ Établir des objectifs réalistes → avancer par petites étapes pour retrouver confiance en soi,
✔ S’entourer de personnes plus optimistes → éviter les relations toxiques et privilégier les liens bienveillants,
✔ Apprendre de ses expériences passées → noter ce qui a aidé à surmonter les difficultés précédentes pour s’appuyer dessus à l’avenir.
La capacité à rebondir ne naît pas toujours avec nous, elle se construit au fil du temps, avec de la patience, du soutien et de la persévérance et en étant entouré de personnes bienveillantes et attentionnées.
Comme le disait Jean d’Ormesson :
« Merci pour les roses,
Merci pour les épines,
La vie n’est pas une fête perpétuelle … »
La vie est faite de moments doux et de difficultés, et c’est en accueillant les deux que l’on trouve la force de transformer la douleur en sagesse et en résilience.
Article rédigé par Delphine
